Sales gamins. Qu'est-ce qu'ils avaient encore inventé pour faire suer sang et eau le pauvre concierge ? Cela faisait deux heures que des bruits sourds se faisaient entendre dans tout le deuxième étage. Sam, assis à son bureau, tournait et retournait sa baguette entre ses doigts. C'était une baguette tout ce qu'il y avait de plus normale, en bois de charme et plume d'hippogriffe, 28,5 centimètres. Que convenait-il de faire ? Il avait bien envie, étant donné son état d'esprit, de laisser les mioches se blesser avec les... choses potentiellement dangereuses qu'ils manipulaient...

Sam baissa la tête. Il ne ferait certainement pas cela, c'était le meilleur moyen de se faire renvoyer et l'infirmière serait furieuse contre lui. Vraiment. Il se leva donc de sa chaise et sortit du bureau, sortie d'autant plus précipitée qu'un nouveau coup sonore se faisait entendre dans le château. Baguette levée, le concierge s'avança rapidement dans les couloirs, suivant le bruit qui devenait de plus en plus fort à mesure qu'il approchait de sa source.

Dans la tête de Samuel, les hypothèses se bousculaient. L'imagination fertile de l'employé le conduisait souvent à échafauder diverses théories plus loufoques les unes que les autres, généralement à mille lieues de la vérité. La première idée qui était venue à l'esprit du concierge était également la plus vraisemblable : des élèves trouvant le château un peu trop tranquille à leur goût profitaient d'être seuls pour faire du raffut en tapant dans les murs ou en faisant léviter des objets lourds, une poutre par exemple. Mais le reste des hypothèses de Sam avaient légèrement nature à l'inquiéter.

La deuxième d'entre elles était la suivante : un troll s'était à nouveau introduit dans le château et faisait des ravages parmi les étudiants. Scénario assez vraisemblable, puisque ce n'était pas la première fois qu'il se réalisait. Le concierge voyait déjà la créature répugnante massacrer les première années à coups de massue et il lui semblait entendre les cris affolés de leurs camarades essayant de sortir de la pièce pour chercher de l'aide.

La troisième différait totalement de la précédente. Un pouvoir ancestral, réveillé par quelque petit curieux, détruisait peu à peu la pourtant solide muraille de Poudlard, forçant élèves, adultes et elfes de maison à devoir évacuer l'école au plus vite. Ils auraient alors été obligés d'observer la lente agonie du château ployant sous les attaques puissantes du sortilège malgré les défenses magiques...

Ou alors était-ce peut-être un nouvel assaut d'Albus Dumbledore, venu conquérir Poudlard grâce à une armée d'Inferi. A ces mots, Sam frissonna. Il n'était pas du genre courageux et devoir affronter un bataillon de morts-vivants rendait l'ancien Poufsouffle extrêmement craintif. Il avait ralenti le pas de peur de se retrouver face à Dumbledore et son armée.

De grosses gouttes de sueur se formaient sur son front tandis que le concierge marchait dans le couloir. Son coeur battait à présent à la même cadence et, lui semblait-il, avec la même force que le bruit se rapprochant. Les paumes de Samuel devinrent moites tandis que sa main gauche se crispait autour de sa seule arme, qui ne lui semblait à présent qu'un simple morceau de bois.

*Pitié pas des Inferi, pitié pas des Inferi...*

Sam s'arrêta à quelques pas de la porte de la salle d'où semblaient provenir les coups. Il se sentait à présent totalement mal et se demandait s'il n'allait pas vomir sur-le-champ. Tiens, ça tombait bien, il se situait devant la porte des toilettes des filles...

Le concierge tendit une main tremblante et poussa doucement le battant de bois, mais rien ne se produisit. Enhardi par il-ne-savait quel miracle, il exerça une pression plus forte sur la porte, qui grinça bruyamment. Les coups avaient cessé. Sur ses gardes, il fit un pas en avant puis s'élança brusquement, baguette levée, à l'intérieur des toilettes. Point de Troll, d'Inferi ou même d'élèves... Rien du tout si ce n'était un long corps vert glissant à l'intérieur d'un tuyau.

Ouf, ce n'était que Basil qui avait dû vouloir s'amuser un peu... Attendez ?! Le Basilic ? Se rendant compte de la scène qu'il avait sous les yeux, Sam se rua hors des toilettes, verrouilla la porte et se mit à courir à toutes jambes, ne se souciant pas de la direction qu'il prenait. Il ne s'arrêta qu'en haut des escaliers descendant vers l'étage inférieur, essoufflé et déboussolé.

La prochaine fois, il ne bougerait pas de son bureau. Gamins ou pas, Inferi ou pas. Il tenait à la vie, non de non !