Ouvrant un œil, la gamine vérifia d'un bref regard l'heure qui s'affichait sur le cadran. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres tandis que d'un geste rapide elle sortit du lit. La journée commençait tout juste. Elle entendit quelques jurons provenant de la pièce voisine, suivi d'un éclat de verre. La rouquine secoua la tête, levant les yeux au ciel. Son frère avait pris la mauvaise habitude de se croire le seul habitant de cette maison. Sans se soucier plus que d'habitude du vacarme environnant, la gamine se faufila dans la cuisine et en repartit avec une grosse tranche de pain recouverte de confiture à la framboise. Sa journée commençait bien. Rien ne devait la gâcher. Pas même son frère, un hibou ou un contretemps. Elle croqua deux bonnes bouchées dans sa tartine avant de déposer les restes sous le nez de son boursouf orange. Susan revêtit une belle robe noire aux broderies dorées, près du corps, la seyant parfaitement. Elle passa la tête dans l'embrasure de la porte donnant sur la chambre de son petit frère. Il leva les yeux sur elle, trouvant cette interruption troublante. « Je sors, je reviens dans l'après-midi. » Déclara-t-elle simplement. « Tu vas où ? Je peux venir ? » Susans réprima un sourire. Quel empoté ce gamin ! Toujours à vouloir être dans ses pattes ! Elle aimait son frère, là n'était pas le problème, mais il pensait qu'elle pouvait le trimbaler partout. Lui mentant sans une once d'hésitation, elle déclara d'une voix franche : « Je vais rejoindre quelques unes de mes amies sur le chemin de Travers, donc non ta présence n'est pas requise à mes côtés. Maman a laissé un mot sur la table pour le déjeuner, tu partageras le repas avec Madeline. » Voilà elle avait joué son rôle de grande sœur et s'était débarrassée du petit frère trop collant. La rousse n'avait aucune envie de croiser sa sœur à ce moment là. Si quelqu'un était bien capable de déceler un de ses mensonges c'était bien elle, et l'heure ne devait pas être aux complications. Guillerette, la rouquine quitta la maison familiale en direction du chemin de Travers. Elle n'avait, bien entendu, que menti de moitié à son jeune frère. Elle avait bel et bien rendez-vous là-bas, mais pas avec ses amies. Entrant dans le célèbre bar, la jeune femme regarda tout autour d'elle avant de trouver sa proie. Elle fondit sur la célébrité qui leva des yeux étonnés. Susan se présenta fièrement. La célèbre joueuse de Quidditch qui se tenait devant elle haussa les sourcils avant de rétorquer d'une voix amusée : « Je pensais rencontrer Amélia Jones, je ne savais pas qu'elle avait autant rajeuni depuis notre dernière rencontre. » Susan lui répondit par un sourire bien appuyé, avant de s'installer devant Gwenog Jones. Oui, la gamine avait tout manigancé pour rencontrer la veille de ses 14 ans, sa plus grande idole. Féministe jusqu'au bout des doigts, symbole de la réussite féminine dans le Quidditch, grande meneuse de foule, Jones était aux yeux de Susan l'incarnation parfaite de tout ce qu'elle aimait. Bien entendu elle avait dû usurper l'identité de sa tante pour organiser ce rendez-vous. Mais elle était désormais assise en face de la capitaine, et ne la laisserait pas partir de sitôt. Elle avait tout organisé depuis plusieurs semaines, ce jour était magique à ses yeux et resterait ancré dans ses propres annales. Après plusieurs heures de conversations, un bloc note remplis d'anecdotes et quelques bierraubeurres partagées, Gwenog pris congé. Quant à elle, Susan était aux anges. Ce rendez-vous avait été fabuleux, si original, fascinant et parfait. Elle savait que dès aujourd'hui elle pourrait se vanter d'avoir passé une demi-journée avec une des plus grandes capitaines de Quidditch. De plus, la jeune fille avait dégoté quelques anecdotes fascinantes sur les autres joueuses des Harpies de Holyhead. Cette journée avait été fructueuse. Elle rentra dès lors chez elle, ravie de pouvoir se vanter de ce rendez-vous surprenant.