« Une hache ! Qu’on me donne une hache sur le champ ! »

Voilà ce qu’on appelait plus communément une entrée fracassante. La plupart des élèves présents dans la salle commune des Serpentards se retournèrent afin d’observer l’étudiante qui venait de formuler à haute voix sa réclamation d’arme blanche. Hermione Granger, miss bibliothèque sur pattes, avait le regard noir qui lançait des éclairs. Et ce regard se posa justement sur Drago Malefoy. Manque de pot pour le blond, c’est sur lui qu’allait retomber l’énervement de la jeune fille. Il n’avait qu’à ne pas avoir de jumeau aussi stupide et crétin et abruti et… et ainsi de suite, sinon on n’en a pas fini avant la fin du mois. Mademoiselle diablesse s’approcha donc du fauteuil trônant près de celui du prince de Serpentard, laissa tomber lourdement son sac à côté dudit fauteuil et s’assit ensuite avec un énervement lisible sur tout son visage. Du coin de l’œil, elle aperçut Blaise Zabini qui allait tenter une approche pour savoir de quoi il retournait cette fois, mais il fit rapidement demi-tour une fois qu’elle lui eut lancé le regard ‘’Approche et je te transforme en Gryffondor’’.

« Ton frère est un empaffé congénital qui mérite la castration. Avec une hache, la castration, d’ailleurs. »

Cette charmante remarque avait eu le mérite d’attirer l’attention du jumeau Malefoy qui avait un cerveau. Bien qu’il ne lui posât pas la question directement, ses yeux de glace reflétaient une certaine curiosité à l’égard des propos proférés par Hermione, et, exceptionnellement, elle se sentit d’humeur à partager avec lui son lourd fardeau – qui, d’un côté, était aussi celui du Serpentard – à savoir Orion.

« Il a dépassé les bornes, cette fois. Il a commis un sacrilège énorme, et il méritera amplement ce qui lui tombera dessus. Il n’a pas le droit de me déranger dans la bibliothèque. »

Ah la bibliothèque. Lieu de culte d’Hermione, où il ne faisait pas bon s’y attirer ses foudres. Pièce du château regorgeant de plaisirs de toutes sortes pour la demoiselle, qui ne voyait souvent rien de plus intéressant à faire que de caresser la reliure d’un vieux livre, laissant ainsi place, dans les esprits à l’imagination fertile qu’avaient les quelques personnes attirées par elle, à de délicieux fantasmes où ce ne seraient plus les bouquins mais eux qui auraient droit à ce divin toucher. Dans leurs rêves, bien sûr ! Car Hermione Granger prêtait souvent plus d’attention aux ouvrages que renfermaient les étagères qu’à ses propres camarades de dortoir.

« Je n’arrive pas à comprendre que son cerveau, s’il en a un, n’ait pas assimilé depuis tout ce temps que non, c’est non. Et pourtant, il en a vu des vertes et des pas mûres. Comme la fois, par exemple, où il m’avait coincée contre un mur au quatrième étage. »

La jeune fille se souvenait très bien de cet instant. Parce que ça avait certainement été le plus détestable de tous les moments de sa vie. Elle revenait tranquillement de la bibliothèque (aaaaah la bibliothèque… bon, d’accord, j’arrête) quand une main avait saisi son bras et l’avait entraînée dans un couloir adjacent. A peine le temps de se remettre de ses émotions qu’elle avait reconnu son kidnappeur : Orion. Aussitôt, elle avait voulu se débattre, mais c’est qu’il avait tout de même une sacrée poigne le minus. Puis il l’avait plaquée contre le mur le plus proche. Le geste avait été brutal et n’avait rien eu d’élégant ou romantique. D’ailleurs, même si ça avait été le cas, Hermione n’aurait pas apprécié. Ensuite, Orion l’avait fixée dans les yeux. Peut-être était à cet instant que la Serpentard avait eu le plus peur. Il faut se méfier des abrutis, parfois, ils peuvent nous surprendre. Pas qu’en bien, malheureusement. Toujours est-il qu’Orion la fixait – avec des yeux de merlan frit – et Hermione s’interrogeait sur son avenir. Avait-elle une chance d’échapper à l’abruti ou devrait-elle subir une torture ignoble ? Visiblement, le principal concerné avait opté pour la torture. Il était en train d’approcher sa bouche visqueuse et baveuse de celle d’Hermione. Yeurk. Help ! Police secours ! Quelqu’un, n’importe qui ! Heureusement pour l’infortunée, trop concentré qu’il était sur sa pitoyable tentative, Orion avait relâché son étreinte, légèrement, mais juste assez pour qu’elle puisse s’échapper. Les lèvres gluantes allèrent donc s’écraser contre le mur de pierres dans un bruit sourd. Tiens, son nez s’était peut-être cassé.

« Plutôt embrasser un Weasmoche que de me laisser peloter par tes mains, » avait été la réplique cinglante à laquelle le Serpentard avait eu droit avant que sa donzelle ne s’enfuit. Car prudence est mère de sûreté, et Hermione savait qu’elle n’était pas à l’abri d’une rédicidive.

Hermione était de retour au temps présent, et ses yeux se posèrent de nouveau sur Drago. Ce dernier avait écouté, avec un minuscule sourire aux lèvres, l’histoire qui venait de lui être contée, et semblait fort amusé de l’infortune de son frère jumeau. Il y avait de quoi, en même temps. Bien décidée à ne pas rester dans un lieu où elle restait une cible potentielle dudit jumeau, la brunette récupéra ses affaires dans la ferme intention d’aller travailler dans son dortoir – il n’y avait bien que là qu’elle serait enfin tranquille.

« J’ai encore le sortilège à retrouver, mais préviens ton frère que la prochaine fois qu’il m’approche, je fais disparaître ses bijoux de famille. Définitivement. »

Les parents d’Hermione étaient tous les deux les descendants de deux grandes lignées de sorciers au Sang Pur, mais contrairement à d’autres, ils étaient loin de s’en vanter. Leur mariage avait été un mariage d’amour, suite au coup de foudre qui les avait atteint tous les deux à Poudlard pendant leur sixième année. De cet amour naquirent deux enfants, à trois ans d’intervalle. L’aînée fut une petite fille, Hermione Jean Granger, avec de beaux yeux marron où régna une lueur d’intelligence et de malice dès son plus jeune âge. Vint ensuite le jeune Damon. La petite famille vivait tranquillement, sans avoir à se soucier de l’avenir. Leurs revenus n’étaient pas modestes, cependant, ils étaient loin de rouler sur l’or. Petite, Hermione était loin d’être le genre de filles à rêver du prince charmant. Elle, ce qu’elle désirait plus que tout, c’est avoir un maximum de pouvoirs. Et pour cela, elle savait exactement ce qu’elle aurait à faire. Rassurez-vous, elle ne planifiait absolument pas d’être le prochain mage noir à terrifier toute la population sorcière. Les parents Granger ont toujours encouragé leurs enfants à réussir ce qu’ils désiraient entreprendre, même s’ils ignoraient tout de leurs projets respectifs. En effet, il n’y a qu’entre eux que le frère et la sœur en parlent.

La rentrée à Poudlard de la demoiselle fut un moment décisif dans sa vie. C’est ce jour-là qu’elle rencontra les personnes qui auraient chacun une certaine importance dans sa vie.
Il y eut d’abord Sieur Ronald Weasley, petit cafard arrogant. Ce dernier clamait haut et fort à un autre garçon brun à lunettes que Serpentard était la pire maison dans laquelle on pouvait se retrouver, et que toutes les personnes qui y avaient été étudiants avaient mal tourné. En entendant ces propos infects, la petite fille eut du mal à retenir sa colère. Cet abruti n’en savait rien du tout. Ses propres parents avaient été élèves de la maison de Salazar, et ils n’étaient pas devenus des psychopathes aigris. Hermione a toujours détesté Ron depuis ce jour. Une mauvaise impression ruine toute possibilité de bonne entente entre deux personnes.
Quant au brun à lunettes qui accompagnait l’imbécile de service, celui-ci mit peu de temps à gagner l’amitié de la jeune fille. Il faut dire qu’ils partageaient le même humour, et surtout, Harry Potter – car c’était lui – avait réussi à percer la carapace que s’était forgée Hermione. C’est lui qui l’avait découverte, peu avant la fin de la première année, en pleurs dans les toilettes des filles après une énième insulte de la part de Ron sur ses cheveux broussailleux. Si Hermione a bien plus confiance en elle depuis ce jour, c’est grâce à Harry et à sa gentillesse à son égard. Parce qu’avant cela, elle cherchait régulièrement l’aval de ses pairs. Depuis, entre les deux, on peut bien dire qu’une solide amitié est née, encore plus depuis que le Gryffondor a compris que les Weasley – jumeaux exceptés, je ne cesserais jamais de l’écrire – sont des parfaits crétins.
Parmi les personnes qui influencent tous les jours la vie de la demoiselle Granger, je demande Orion Malefoy. C’est à croire que depuis que ses yeux se sont posés sur elle, le blondinet en puissance a décidé qu’il l’aurait un jour rien qu’à lui. Malheureusement, ce n’est pas près d’arriver, foi d’Hermione. Les journées à Poudlard sont rythmées au son des gifles et sortilèges qu’elle daigne lui offrir en guise de châtiments, et ce depuis leur onze ans.
Hermione a de l’admiration pour beaucoup de gens à Poudlard, à commencer par son professeur préféré, Bellatrix Black. Ce n’est pas pour rien qu’elle excelle en métamorphose. Elle aime beaucoup passer du temps avec son professeur pour discuter de choses et d’autres, et particulièrement de son petit projet. Les jumeaux Weasley pourraient également se vanter d’être un sujet d’admiration, s’ils étaient au courant, bien sûr. La jeune Granger aime beaucoup ce qu’ils font dans le domaine des farces, et n’hésite pas à prendre exemple sur eux, voire à améliorer leur technique à sa sauce. Nymphadora Malefoy est, selon elle, une personne très intéressante à tout point de vue. Malheureusement, aller lui parler plus souvent impliquerait de nouer un quelconque lien avec les Malefoy, et ça, Hermione s’y refuse catégoriquement.
En revanche, la Serpentard éprouve de l’aversion pour quelques personnes à Poudlard. Ronald Weasley a déjà été cité, mais dans la famille des rouquins, on pourrait également parler de Ginevra. Selon Hermione, c’est une petite dinde sans cervelle, mais il s’avère que c’est également l’avis d’un bon nombre de personnes à Poudlard. Lavande Brown est mise au même rang sur l’échelle du mépris d’Hermione.
Il serait fort dommage d’oublier de parler d’Adrian. Adrian Pucey, capitaine de l’équipe de Quidditch Serpentard, jeune homme somme toute discret sur sa vie comme sur ses relations, a accepté d’être son petit-ami. De cette manière, il y gagnait quand même beaucoup : son entrée dans la Chambre des Secrets et un très bon moyen pour emmerder Orion Malefoy. Hermione n’est pas vraiment amoureuse du jeune homme, mais elle l’apprécie fortement, et assez pour envisager de rester avec lui un moment.

Voici donc une nouvelle année qui débute. Hermione est ravie que son frère l’ait rejointe à Poudlard, même s’il est dans la maison de Serdaigle et pas Serpentard. Après tout, Serdaigle est une maison tout à fait convenable. Ne reste plus qu’à voir les bonnes surprises qui leur sont réservées à tous. En parlant de surprises, ils n’auraient pas un peu beaucoup changé, les Serpentards de quatrième année ?

Un des traits principaux que l’on pourrait accorder à Hermione, c’est qu’elle a la poisse. Mais si, je vous assure. Croyez-moi, quand tout ce qu’on désire dans la vie, c’est de faire une grande carrière, on n’a pas envie d’être pourchassée par la gent masculine. Malheureusement pour la demoiselle, c’est le cas. Son ambition, loin d’être chétive, lui a donné comme rêve, depuis qu’elle est une petite sorcière, de devenir plus tard la plus reconnue des Ministres de la Magie. Rien que ça, oui. Donc elle, les rêves de prince charmant et compagnie, elle s’est assise dessus depuis toujours. Désolée pour vous les garçons. D’ailleurs, si elle sort avec Adrian ces derniers temps, c’est simplement dans l’espoir qu’Orion va lui lâcher un peu la grappe, entre autre. L’espoir fait vivre, comme on dit. Dans tous les cas, cela explique pourquoi elle s’est retrouvée à Serpentard plutôt qu’à Serdaigle. Ça, et son caractère un peu perfide par moment. Trait de personnalité qui émerge principalement en présence d’un Weasley – jumeaux mis à part, sauf si Georges continue de vouloir la caser avec Fred. Elle a des principes quand même. Ne venez pas lui cherche des noises, sous peine de la trouver, et bien plus encore. Car il n’est normalement nul besoin de le rappeler, Hermione est intelligente, et pas qu’un peu. Sa baguette n’est que l’extension de son bras et elle sait s’en servir de toutes les façons possibles. C’est principalement visible lorsqu’elle poussa sa gueulante et fait une crise colérique pendant laquelle la foudre pleut sur les personnes qui sont à sa portée. Cependant, c'est aussi une fille très sensible et dotée d'un grand cœur.

Autrement, Hermione est belle. Belle à en damner un saint, paraît-il, selon l’avis d’un certain Malefoy. Jusqu’à sa première année, elle avait encore cette touffe de cheveux que les « anciens » Serpentards lui connaissaient dans le passé/futur non modifié, mais lorsque la deuxième année a débuté, elle a adopté la coupe à la garçonne, pour des raisons ignorées de tous, ou presque. Aujourd’hui, c’est une jeune fille d’une taille moyenne, environ un mètre soixante-dix, qui a de longues jambes. Son visage a l’air d’un ovale délicatement tracé. Ses lèvres sont bien dessinées, et on a l’impression qu’elle sourit tout le temps – sauf lorsqu’elle est poursuivie par Orion, mais c’est une autre histoire. Son nez est légèrement retroussé et petit, ses yeux sont en amandes et marrons. Sa peau est d’un rose pâle et d’une douceur incomparable, paraît-il, car encore aucun garçon n’a pu le vérifier. Elle a quelques taches de rousseur sur les joues, mais rien de très flagrant. Côté vestimentaire, Hermione – venant d’une famille de Sangs Purs certes, mais n’étant pas aussi fortunée que les Malefoy ou les Weasley – se débrouille pour être à la mode grâce à son ingéniosité à se faire de l’argent facilement. Comment ? Ça, c’est un secret qu’elle ne partage pas.