« Dans mon bureau, je voudrais voir… Weasley, Weasley… »

« Mmmm lesquels Professeur ? »

« Frédérique Weasley, vous resterez dix minutes de plus, je crois que… Je dois vous apprendre à ne pas ouvrir votre clape merde sans mon autorisation… »

C’est ce genre de moment que je préfère. Quand un sourire non pas malicieux mais plutôt dans le genre sadique s’affiche sur mes lèvres. C’est là où je me dis que je vais enfin pouvoir m’amuser. Etre méchant, se faire passer pour l’ordure, ce n’est pas un défi, je sais ce que je suis, je sais que cela ne m’aide pas à attirer l’amour de mes élèves, mais je m’en contre-fiche complétement. J’aime être ce que je suis, j’aime que l’on me prenne pour le salaud, et j’en suis fier. Et franchement aujourd’hui, ce n’est pas la journée et pas le moment d’en rajouter une couche. D’un coup de baguette je resserre la cravate un peu trop détachée de ce chère Wealsey, l’étranglant un peu, sans pour autant frôler la torture il ne faut pas abuser, je ne suis pas non plus un sadique sans cœur… Quoi que. Ce que je leur reproche. Des choses, des tas de choses, trop de choses. En commençant par le fait qu’ils existent. On me reproche toujours de m’en prendre à eux, mais ce n’est pas de ma faute, c’est convulsif, pulsionnel, avec la gueule qu’ils ont mais comment faire autrement ? Et puis comme je disais la journée, ce n’était pas la mienne aujourd’hui. Ils se sont retrouvés là au mauvais endroit, au mauvais moment.

A commencer par ce matin. Je déteste ces gosses. Je les hais, franchement, ils me font… C’est de la vermine on devrait les exécuter à la naissance. Solution radical, certes, mais au moins, ça nous débarrasserait bien. Ca a commencé par ce merdeux, Rogue, son rejeton, morveux de douze ans à tous casser. Il aimerait bien avoir mes grâces celui-là, mais non, je ne suis pas à acheter. Alors quand on arrive dans ma classe avec une minute de retard, (juste une oui mais ça m’énerve) et sans son devoir. Ca m’énerve encore plus. Je me suis emporté normal. Le pauvre, il a tellement pleuré qu’il n’a pas eu besoin d’aller pisser de la journée j’en suis certain. Roh je n’ai rien fait de bien méchant. Je lui ai juste demandé de venir devant tout le monde. J’étais assis les pieds sur mon bureau (attitude du professeur model à noter.) et pour compenser son manque total de discipline je lui en ai donné moi. Je l’ai forcé à lécher mes chaussures pour les nettoyer. Ce n’est pas bien intelligent, certes, mais il a voulu m’acheter alors je l’ai remis à sa place. Celle du rien. Car non, tant qu’on n’a pas ses ASPIC chez moi on reste un gosse minable, inculte qui ne vaut rien. Il ne m’a pas demandé si j’avais aimé son retard. Je ne lui ai pas demandé s’il aimait son châtiment. On est quitte. Attitude inadmissible d’un professeur et encore pire, venant du sous-directeur j’en conviens. Mais je vais les mater moi ces gosses de riche ! Il a dû porter la pancarte « bonniche en tout genre » toute la journée. L’humiliation totale. Autant dire, y’a que moi que ça faisait sourire. Je l’ai dit, je n’étais pas de bonne humeur, fallait pas me chercher… Je continue ?

Je sors de classe, je vois quoi ? Ce bâtard de Malefoy. Pas le grand, le petit. Le plus petit. Je hais ces gosses, ça aussi c’est pulsionnel. Il marchait dans le couloir, de un, un peu débraillé, (oui alors quand on voit ma tenue à moi on se dit que c’est l’hôpital qui se fout de la charité, mais je suis sous-directeur, je fais ce que je veux. Sans optimal aux ASPIC ils ne restent rien, il ne faut pas tout mélanger non plus.) et en plus, assis par terre, comme ça, finissant un devoir à rendre dans les dix minutes. Alors ça aussi, ça m’énerve. On ne fait pas ses devoirs au dernier moment dans le couloir posté comme un clodo. J’aurais dû le lui faire bouffer, mais non, à la place j’ai été gentil, je me suis contenté de le brûler. Encore une fois, j’ai eu droit à des larmes, des « j’avais presque fini ! » et gniagniagnia. Non mais ho, y’a pas de presque qui tienne, les devoirs y’a des heures et des lieux pour les faire. Point barre. Et encore c’est gentil comme exemple.

Des vacheries aux gamins je leur en fais tout le temps. Mais pour en revenir à mes petits cons de Weasley… Eux là, ils ne vont pas non plus s’en sortir comme ça, et encore moins quand on s’amuse à foutre des bonbons qui font pousser des pustules dans mon verre ! Là ils touchent le fond. Et croyez-moi ce n’est pas un léchage de pompe ou un devoir brûlé qui les attend. Avec le sourire je les entraine dans mon bureau, palpant l’une de mes plumes dans ma poche. Il y a les punitions ridicule qui marquent, qui font mal, parce qu’elles sont sournoises. Mais quand il faut utiliser les grands moyens, il le faut. Et pour ça je n’ai pas de scrupule.

« Vous me copierez cinq-cents fois « je ne dois pas me foutre de la gueule de Hanzle » et vous Frédérique, pour les dix minutes que vous me devez « je ne dois pas parler sans autorisation ».

Posant deux plumes vers eux je les défis du regard.

« A commencer par avec cette plume-là les gamins. Autant de fois que cela suffis pour qu’elle vous creuse la chaire ! Et inutile d’aller se plaindre au directeur. Compris ! »

Moi je vous le dit, ces gosses, ils vont me rendre dingue avant la retraite…

« Dites professeur, pourquoi vous êtes méchant ? »

« Poses pas de question gamin, ça vaut mieux pour toi. »

Tenatius Wishper est surement le seul élève que je supporte au-delà du possible. Il est doué, il est calme, ne pose pas de question, n’a pas beaucoup d’ami, il est comme moi, ou du moins, comme j’étais. Il me rappelle mon enfance, ma scolarité, lui aussi il a trois ans d’avance, lui aussi il est prometteur. Mais comparé à moi, il a un cœur, c’est ce qui nous rend si différent je pense. Répondre à sa question je ne peux pas. Je suis ce que je suis, point, que dire de plus ? Alors non, je lui dis de rentrer dans sa maison, d’aller se coucher et de viser la note optimal pour son devoir de DCFM du lendemain. Comme tous les soirs je viens de lui donner un cours particulier, comme tous les soirs, je lui ai offert le thé, et comme tous les soirs, quand il va rentrer, on va le traiter de laiche-botte pour la simple et bonne raison, qu’il est le seul élève que je respect. Mais c’est ça, être au-dessus des autres. Moi aussi on me traitait de laiche-bottes, moi aussi, on me malmener. Mais ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort… C’est ce qui m’a forgé.

Je suis né d’une famille on ne peut plus banal dans la banlieue de Londres. Banal dans le sens que nous n’avions pas trop d’argent, mais pas moins original, si l’on part du principe que mes parents sont ce que l’on appelle des sang-purs. Une lignée qui n’a jamais été rompus. Plus que quelques années et tout ça ressemblerait à de la consanguinité, si personne ne veut passer le pas, mais il ne faut pas avoir mon QI pour savoir que la génération finira par périr, c’est un fait avéré, bien que nous ne le voulons pas. On ne peut pas tout avoir. On ne m’a jamais caché ce que j’étais, ce que j’allais devenir. Comparé aux autres enfants du cartier je n’ai pas connu les joies d’une école publique, non, j’apprenais à lire à domicile. Il ne fallait pas nous mélanger. Je me devais de rester avec les miens, de me cacher, ne pas dévoiler ce que nous étions. Je ne cherchais pas à comprendre. Moi, passer mes journées à lire et écrire me suffisait amplement. Je ne demandais pas grand-chose de plus.

Je ne voyais pas beaucoup mes parents, leur travail leur prenait beaucoup de leur temps, ils étaient des aurores, des gens bien. Je sais qu’ils combattaient le mal. Mais qui ? Alors là c’était un mystère pour moi. Et en fait, ce qu’il se passait dehors, ça ne m’importait peu. Je m’en foutais complétement, tant qu’on me foutait la paix. J’ai donc passé mon enfance seul, et à onze ans, quand je fus admit à Poudlard, je n’avais pas sauté partout, je n’ai pas eu la réaction de nombreux enfants. Non, j’allais étudier, oui et alors ? C’était normal. Toute ma famille avait été à Poudlard, donc pour moi, c’était plus qu’une évidence et rien d’autre. A quoi bon sauter de joie sur quelques choses que l’on ne peut pas éviter ? Je pensais déjà comme ça à l’époque. Autant le dire, j’étais un gamin bien silencieux, calme, un peu plus et on m’aurait traité de sociopathe. Pour moi les autres, ce n’était que le petit bout d’un rien.

Quand je suis rentré dans la grande salle encore une fois je n’ai ni ressentie d’excitation, ni rien. Savoir dans quelle maison j’allais aller, Serpentard, comme tous les autres. Encore une fois j’avais l’impression que mon destin était tracé depuis bien longtemps. Qu’on l’avait écrit quelque part. Alors non, je ne fus pas surpris quand le choipeau hurla un Serpentard. Et puis de toute manière, pourquoi se réjouir d’une maison ? Tant que l’on nous offre un lit et le couvert ? Le reste, on est là pour étudier, pour apprendre. Je ne voyais pas la différence. A vrai dire, je ne la vois toujours pas.

Que dire de mes années à Poudlard ? Rien. J’ai sauté la première année, puis la troisième. Et enfin la sixième. Et oui, j’étais doué, bien trop doué pour rester dans la même classe. Alors je ne me fis pas d’amis. Et puis un peu de plus on m’aurait demandé si je ne suçais pas le directeur. Crue dit comme ça, c’est horrible comme image mais c’est péjoratif. On ne m’aimait pas, loin de là, on me faisait des crases comme pas permis. Mais je ne répondais jamais. Je n’ai pas beaucoup parlé durant quatre ans il faut bien le dire. Et oui, du coup, je ne suis resté que quatre ans dans cette école de dégénéré. Pour moi, ce n’était que des attardés mentaux dépourvus de quotient intellectuel. Je les détestais. Rien de plus. Ils étaient tous jaloux de mes notes. Forcément, avoir des optimal dans toutes les matières, c’était plutôt extraordinaire. Mais je travaillais, je ne faisais que ça. Et j’étais bien plus intelligent que la moyenne. Il ne fallait pas me jalouser, c’était comme ça. On n’a pas tous la chance de s’appeler Venianime Hanzle.

J’ai eu la meilleurs note au ASPIC, maximal en fait, ça faisait des années que ça n’était pas arrivé. On me réclamait dans toutes les universités du monde. J’aurais très bien pu décoller pour les Etats-Unis, mais non, je n’en voyais pas l’intérêt. A vrai dire, je ne savais même pas ce que je voulais faire. J’ai choisi l’alchimie. Je ne sais pas pourquoi. Tout le monde voulait DCFM ou métha. Alors quitte à être marginal, autant aller au bout. J’ai encore une fois obtenue mes diplômes haut la main. A vingt ans j’allais me retrouver professeur. Poudlard ? Je n’avais pas envie d’y retourner, je voulais Durmstrang, je ne sais pas pourquoi, j’avais toujours voulu visiter les pays nordique. Mais non. Ce bon vieux Tom Jedusor me rappela. Le vieux fou. Il avait mieux à me proposer. Comment dire non ?

Cela fait désormais deux ans que je suis professeur d’Alchimie, mais aussi, sous-directeur de Poudlard. On ne m’aime pas beaucoup. Je suis froid, stricte, droit, j’avoue, j’use de mon pouvoir. On me craint, parce que je suis un salaud. Mais je compte bien relever le niveau de cette école. Et quand bien même tous les élèves ne sont pas dans ma classe, je les surveille. Un œil sur leurs notes, sur le comportement. Et je frappe, quand sa frôle le médiocre. Je veux de la discipline, et du savoir. Poudlard est une académie, pas un camp de vacance. Il est temps que Jedusor s’enfonce ça dans son petit crâne, et que les choses changes

Je suis un salaud, je le sais et je l’assume. Le mieux pour se supporter et s’aimer soi-même c’est s’avouer ce que l’on est. Donc voilà, l’adjectif qui me convient le mieux. Salaud. Quand j’étais à l’école je n’avais pas d’amis, pourquoi, parce que je n’aimais personne, personne ne m’aimait et je ne m’en porte pas plus mal. Je passais mes journées dans mes livres, dans mon monde. Je suis intelligent, plus que la moyenne, et ce n’est pas de la prétention, c’est de la réalité. Je m’aime, je suis le plus beau, je suis le meilleur, et je le sais. Et le pire, j’en joue. Je considère mes élèves comme des sous-merdes. Ils ne sont rien. Des pions, des tout petits pions qui sont là pour apprendre, alors ils n’ont pas leur mot à dire, ils peuvent se plaindre, moi je m’en fous. Si je dis de faire j’aime que l’on fasse et sans broncher. Dans ma classe, il vaut mieux : baisser les yeux, se faire petit, ne pas parler, et agir. Si je vous tombe dessus, ça peut faire mal. C’est clair ? Sadique ? Si peu. J’aime le respect, qu’on me respect. C’est comme ça et pas autrement. Le premier qui se plaint, il va se faire voir. C’est comme ça. Ici c’est moi qui fais les règles. Je ne suis que le petit sous-directeur, mais j’use de mon blason, j’en joue beaucoup. Oui et alors ? Puis si vous n’êtes pas content c’est pareil. Moi, je ne vous demande pas votre avis.

Physiquement ? Je ne suis que le reflet de ma personnalité. Je suis fier, j’ai toujours la tête haute. Mes cheveux me tombent devant les yeux, mais je les repousse tout le temps arrière. Mes traits sont parfaits, mon corps et sculpté d’une manière athlétique. Je suis beau, il faut le reconnaitre. Et je le montre. Quand je plonge mon regard bleu satin dans le vôtre, ce n’est pas forcément bon signe. Personne ne mérite mon regard, alors bon quand je vous regarde, c’est pour vous faire des reproches. Des tas de reproches. Je porte pourtant des vêtements simples. Je suis jeune, donc je me fringue comme un jeune. Normal non ? Et puis, ça me va bien. J’aime ce que je suis. Alors si personne n’est content je n’ai qu’un mot à dire. Je vous conchie.